20 novembre 2007

« Les docteurs harcelés par les labos » Libération, Le Figaro, Le Monde


Eric Favereau revient dans Libération sur ce rapport de l’Igas qui « prône un «désarmement commercial» de l’industrie pharmaceutique ». Le journaliste observe que « les pouvoirs publics ne se sont pas précipités pour [le] rendre public. […] Achevé début septembre, ledit rapport est resté tapi des semaines dans un placard. Avant que quelques mains aimables ne le mettent sur Internet ». Eric Favereau relève que « le point de départ » des « dérives actuelles » est « connu. Et les labos n’y sont pour rien. Il y a en France une absence dramatique de dispositif cohérent de formation médicale continue. [...] Les médecins de ville n’ont souvent pas d’autres informations que celles fournies par l’industrie ». Le journaliste cite ce rapport de l’Igas, qui indique qu’« un tiers des médecins reçoit plus de sept visiteurs médicaux par semaine, et seulement entre 3 et 5 % des médecins n'en reçoivent aucun. […] L’industrie consacre près de 3 milliards d’euros par an aux dépenses promotionnelles ».



Eric Favereau observe que « devant ce bulldozer commercial, les médecins de ville se montrent ambigus. Ils répètent haut et fort que ce n’est pas cela qui influence leur choix. Or, note l’Igas, «ces visites influent plus fortement sur leurs comportements qu’ils ne le pensent et ne l’admettent» ». Le journaliste retient que « l’Igas s’attarde sur le rôle des leaders d’opinion, comme les membres des sociétés savantes ou les professeurs de médecine, qui «jouent un rôle majeur en crédibilisant les messages des laboratoires. Si la question de leur indépendance est souvent posée, les mesures publiques restent à ce jour assez limitées» ». Eric Favereau ajoute que « l’Igas pointe également le rôle ambigu de la presse médicale. Un média largement utilisé par les généralistes ». Ce rapport observe en effet que « la plus grande partie est financée par la publicité. […] En dépit d’un certain nombre de règles que la profession s’est donné, on ne peut exclure que la grande dépendance de la presse médicale envers l’industrie influence la présentation des débats. D’autant plus que la faiblesse des ressources en expertise au sein de ces revues limite leur capacité critique ». Jean-Michel Bader note également dans Le Figaro que « les visiteurs médicaux [sont] épinglés par l'Igas ».



Le journaliste relève que « pour l'Igas, l'information qui permet au médecin de choisir sa prescription tire sa légitimité de son caractère scientifique. Mais «de nombreux biais» peuvent l'affecter : citons les études cliniques négatives non publiées ou peu diffusées, l'origine du financement de l'étude qui influence les résultats ou l'interprétation des résultats qui en est donnée (avec la complicité de médecins leaders d'opinion) […] ». « Surtout les médecins sont loin d'être satisfaits par l'information médicale délivrée par les visiteurs médicaux : entre 35 et 42 % des médecins disent ressentir un manque d'information pour ce qui concerne les études comparatives, les niveaux de service médical rendu et d'amélioration du SMR, ou les effets secondaires et les interactions médicamenteuses », poursuit Jean-Michel Bader.



De son côté, Le Monde remarque que « les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments d'Europe. Les médecins privilégient les produits récents, et donc plus chers ». Le journal parle de « France des records » et indique que « les habitudes de prescription sont appelées à changer, mais sans menacer la qualité de la santé publique ».



Mediscoop le 6 novembre 07