31 janvier 2008

L’AP-HP saborde la formation continue des soignants !

Allant à l’encontre des besoins de l’institution et des professionnels, la si mal nommée DDRH (Direction du Développement des Ressources Humaines) a décidé de fermer le CFCPH en 2008 et de réduire l’offre de formation continue des soignants.

Créée de toute pièce par l’équipe de Rose-Marie Van Lerberghe (l’ancienne Directrice Générale, nommée pour faire des coupes sombres dans les hôpitaux parisiens) la DDRH (Direction du Développement des Ressources Humaines) s’est attaquée progressivement à la formation des soignants : fermetures de plusieurs IFSI, surchargeant ainsi les effectifs de ceux qui restent (d’où des problèmes de stage, avec parfois plus d’étudiants que d’IDE) années après années, réduction de l’offre de formation continue des soignants sur le coeur de métier.

L’AP-HP compte trois centres de formation continue :
  • le CFTA pour le personnel administratif,
  • le CFTO pour le personnel ouvrier et technique,
  • le CFCPH pour le personnel soignant.

C’est ce dernier que la DDRH veut faire disparaitre en septembre 2008. Ces dernières années, les départs de formateurs n’ont pas été remplacés, ce qui a entraîné mécaniquement une baisse du nombre de formations organisées. Et en parfaite mauvaise foi, on leur reproche une baisse d’activité ! Comme quoi, "quand on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage" !

Voici une partie des formations du CFCPH supprimées par la DDRH en 2008 :
  • prévention de l’épuisement professionnel (66 stagiaires en 2007)
  • écoute, relation d’aide auprès des personnes atteintes de maladies graves ou chroniques (28 stagiaires en 2007)
  • maladie d’Alzheimer (28 stagiaires en 2007) prévention et soins aux personnes atteintes d’obésité (33 stagiaires en 2007)
  • prévention et soins aux personnes atteintes de diabète (32 stagiaires en 2007)
  • infirmier, aide soignant : apprendre à mieux travailler ensemble (24 stagiaires en 2007)


Certes, la part consacrée par l’AP-HP à la formation continue reste largement supérieure à l’obligation réglementaire, mais de plus en plus de formations institutionnelles ou règlementaires imputent ce budget, aux dépends des besoins des professionnels sur leur coeur de métier.


Chacun peut ainsi constater dans la liste ci-dessus que c’est ce qui tourne autour des pratiques de soins qui est sacrifié, car non rentable. Mais il est vrai que les priorités nationales (cancer, Alzheimer, obésité, diabète) ne sont guères mieux traitées par les bureaucrates de la DDRH !


Pourquoi le démantèlement d’une structure centrale qui a démontré son efficience ? Partout on nous parle de mutualisation des moyens, et d’un seul coup nous avons une "exception culturelle" ? Et comme par hasard, sur les 3 centres, seul celui des soignants est visé !


Le CFCPH : c’est un centre de compétences collectives qui nous permet d’être meilleurs, c’est un lieu de "culture AP-HP" qui nous ouvre les horizons, pour aller au delà des pratiques internes de notre hôpital, et s’enrichir de l’expérience des autres sites, c’est le symbole de l’enrichissement des pratiques infirmières, où IDE peut acquérir les savoirs et les outils débouchant sur des consultations infirmières, une meilleure prise en charge des patients.


Alors que la tendance est de se concentrer sur le fait d’exécuter le strict nécessaire, dans l’urgence, faute de temps, il devient indispensable de redonner du sens à l’exercice infirmier, afin d’avoir un projet global qui motive.


Si l’institution veut maintenir la qualité et la sécurité des soins dans un contexte de démographie médicale de plus en plus tendue, l’AP-HP doit au contraire augmenter les moyens du CFCPH pour déboucher sur une expertise soignante et un renforcement significatif des compétences des professionnels (apprentissage des savoir-faire, capacité à acquérir l’expertise technique tout en préservant la capacité de polyvalence).


La formation continue doit s’organiser dans une logique d’acquisition progressive des compétences et d’expertise, d’adaptation aux situations, avec le développement du raisonnement clinique, de l’éducation à la santé et de l’éducation thérapeutique, de la gestion des risques. Il s’agit de développer un "rapport intelligent à la connaissance", de savoir analyser, formaliser, transmettre. Tout ceci n’est possible que par une mutualisation sur l’AP-HP, certainement pas au niveau des sites ou des pôles, qui n’ont pas la taille critique.

http://www.syndicat-infirmier.com/