16 janvier 2008

Continuer et développer l’éducation sexuelle à l’école



Qui l’eût cru de la part d’un pays à la réputation de moralité rigoureuse ? Même si le contenu approprié prête toujours à discussion, 93% des Américains reçoivent peu ou prou une éducation sexuelle (ES) à l’école.


Cependant, en dépit de ce chiffre et malgré les recommandations de nombreuses organisations spécialisées, chaque année, on dénombre encore aux U.S.A. environ 750 000 grossesses chez les adolescentes et plus de 9 millions de cas de maladies sexuellement transmissibles (MST) chez les 15-24ans.


Une équipe nord-américaine s’est récemment interrogée sur la réelle incidence de l’ES des jeunes sur un certain nombre de comportements de leur vie sexuelle ultérieure. En effet, l’ES est supposée fournir aux adolescents des informations théoriques et techniques afin de leur permettre une meilleure protection et d’optimiser leur décisions face aux problèmes sexuels qu’ils vont obligatoirement rencontrer plus tard.


Cette étude a voulu déterminer en quoi le fait de recevoir une ES formelle pouvait influer sur 3 types de comportements sexuels :



  • avoir déjà eu des rapports sexuels,


  • l’âge au moment du premier rapport


  • l’emploi d’un moyen de contraception lors de ce premier rapport.


Les données ont été extraites du NSFG 2002 (National Survey of Family Growth), un registre national représentatif de surveillance de la famille. L’échantillon a consisté en 2 019 sujets de jeunes hommes et femmes célibataires âgés de 15 à 19 ans.

Les analyses bi-et multivariées ont été soumises à la procédure statistique SUDAAN et les interactions possibles entre les divers sous-groupes explorées. Recevoir une ES déterminait bien une différence statistiquement significative dans les comportements sexuels ultérieurs.


Chez les hommes, l’ES était associée au fait de ne pas avoir eu de relations sexuelles (OR= 0.42 -IC 95%, 0.25-0.69) et aussi bien chez l’homme que chez la femme, la pratique du premier rapport au-delà de 15 ans (OR= 0.29- IC 95%, 0.17-0.48). Mêmes effets concernant la mesure contraceptive lors du premier rapport pour les hommes ayant reçu une ES (OR=2.77- IC 95%, 1.13-6.81).


Par contre, les jeunes femmes qui en bénéficièrent aussi ne montrèrent pas de différence significative pour la protection par rapport à celles qui n’en reçurent pas. Comme on pouvait s’y attendre, ces caractéristiques varièrent selon les groupes sociodémographiques. Voilà des résultats objectifs qui doivent encourager les politiques éducatives de la sexualité pour les adolescents : les risques sexuels à l’adolescence sont bien diminués chez ceux qui reçoivent cette ES.


Par ailleurs, les auteurs ont insisté sur le fait qu’il convenait de cibler en priorité les sous-groupes qui sont traditionnellement à haut risque d’initiation sexuelle précoce et donc de contracter des MST. Comme toujours avec les études étrangères, on peut néanmoins se demander si ces résultats sont transposables à la France (et ses multiples ‘’exceptions’’).


Dr Gérard Mégret


RéférencesJournal of Adolescent Health. Vol 42, 1, 89-96 (January 2008) The Association Between Sex Education and Youth’s Engagement in Sexual Intercourse, Age at First Intercourse, and Birth Control Use at First Sex Trisha E. Mueller, M.P.H., Lorrie E. Gavin, Ph.D., Aniket Kulkarni, M.B.B.S., M.P.H. [
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Date de publication : 15-01-2008