02 juin 2008

Délais et durées d’action des doses de secours opioïdes chez les patients cancéreux

Par Laurent Labrèze (Bordeaux) Article commenté : Opioids for cancer breakthrough pain: a pilot study reporting patient assessment of time to meaningful pain relief.
Zeppetella G J of Pain and Symp Manag 2008 (35): 563-67.
Quel est le délai d’action moyen et la durée d’action des opioïdes à libération immédiate utilisés quotidiennement par les patients cancéreux souffrant de douleurs chroniques nociceptives ? Telle est la question posée pour cette étude rétrospective anglaise ayant concerné une cinquantaine de patients cancéreux (poumon, sein, prostate).
Ils ont été répartis en cinq groupes de 10 en fonction du traitement des ADP (accès douloureux paroxystiques) : morphine, oxycodone, hydromorphone, méthadone et fentanyl. L’évaluation de l’efficacité a été faite par une échelle de soulagement à 11 points (0 à 10). Les sites douloureux les plus fréquents étaient la région lombaire, le dos, le thorax, l’abdomen et la ceinture scapulaire.
Le nombre moyen d’ADP est de 4 par jour (de 1 à 8). La durée moyenne des ADP était de 35,2 min (de 15 à 60). Soixante huit pour cent apparaissaient soudainement, 57% étaient décrits comme sévères et 59% d’entre eux étaient imprévisibles.
La dose moyenne de libération immédiate (LI) utilisée était de 18% de la dose LP. Le délai d’action efficace des LI était de 31 min (de 5 à 75 min). Le délai d’action du fentanyl transmuqueux est apparu comme étant significativement plus rapide que les autres produits. Aucune différence significative n’a été retrouvée en termes de délai entre la morphine, l’oxycodone et l’hydromorphone.
La méthadone était significativement plus rapide que la morphine. Comme le souligne l’auteur, cette étude souffre de plusieurs biais. Le nombre de patients inclus dans chaque groupe est insuffisant et l’étude est rétrospective. Mais elle met en évidence (et confirme) que ces inter-doses sont mal utilisées ou incomplètement par les patients qui tendent, dans la grande majorité des cas, à attendre le dernier moment (douleur devenant sévère à très sévère) pour prendre leur produits LI. Si bien qu’il est difficile de dire si la sédation de la douleur est due à l’inter-dose ou à la résolution spontanée de l’épisode. Comme conclut l’auteur, de nouvelles études utilisant une « titration » préalable sont nécessaires pour faire la part des choses. Une homogénéisation des groupes par les sites douloureux est aussi nécessaire.

Date de publication : 28-05-2008