15 octobre 2008

Réforme des études infirmières : tu parles d’une reconnaissance !

Dans le cadre de l’harmonisation des études supérieures en Europe, à travers la mise en place générale du système « LMD » (licence master doctorat), les infirmières, les sages femmes et les représentants de nombreuses professions médicales appellent depuis plusieurs années à une refonte de leurs formations et diplômes. Cette réforme permettrait en outre d’apporter une nouvelle reconnaissance à des professions souvent en proie à un important malaise. Ne pouvant plus reculer devant d’une part les exigences européennes, d’autre part les attentes des syndicats, le gouvernement a demandé à plusieurs instances un rapport sur « la reconnaissance des diplômes d’Etat professionnels paramédicaux et de sages femmes par référence au schéma universitaire européen Licence Master Doctorat ». Celui-ci, notamment rédigé par l’IGAS, a été remis à Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse (ministre de l’Enseignement supérieur) ce mardi 7 octobre. Il y rappelle en guise d’introduction qu’au vu de la situation européenne, la « France serait de plus en plus isolée si elle se maintenait dans un système sans aucun lien avec l’université et le dispositif LMD ». Aussi, encourage-t-elle cette réforme « ambitieuse » mais également « délicate ».

Jargons et déceptions

Le caractère délicat de l’affaire est lié à « l’universitarisation » ( !) des diplômes jusqu’alors existants. Dans ce domaine, la mission ne prône pas un passage total des formations assurées dans les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et des études préparant aux professions paramédicales à l’université. Elle plaide pour un « conventionnement entre universités et organismes de formation ». Puis, ses solutions sont déclinées pour les différentes professions concernées. C’est ainsi que pour les sages femmes, il est proposé que le diplôme d’état de maïeutique soit reconnu au niveau master 2 (cinq années d’études).

Pour les infirmières, c’est l’idée d’une licence professionnelle et non d’une licence universitaire qui est retenue par les auteurs du rapport. « Ce schéma doit permettre de conserver le contenu et la finalité professionnels de la formation tout en favorisant l’élargissement des compétences et des possibilités de mobilité des étudiants » peut-on lire. Cette option est très loin de satisfaire les organisations d’infirmières.

A travers le système LMD, ces professionnelles espéraient en effet pouvoir accéder plus facilement à de nouveaux diplômes et à l’espace de la recherche. Le caractère professionnel de la licence qui leur est promise met fin à ces espérances. Pire encore, pour les organisations, le détail du rapport se révèle particulièrement méprisant pour les infirmières.

La Fédération nationale des infirmières (FNI) (majoritaire chez les libéraux) relève ainsi que la mission préconise d’écarter « toute formule qui ferait courir le risque d’une formation élitiste ou trop abstraite », une terminologie qui est très peu appréciée par l’organisation !

De son côté le Syndicat national des infirmiers conseillers de santé (SNICS) estime qu’un licence universitaire aurait tout autant vocation à prendre en compte « la dimension professionnelle » de la formation infirmière.

Enfin, le syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) (minoritaire à l’hôpital) épingle cette licence professionnelle « recommandée généreusement par la mission » qu’elle décrit comme « une sous-licence proposée aux cendrillons des soins ». Le ministre de la Santé a annoncé que la concertation avec les organisations représentatives débutera le 17 novembre : elle promet déjà d’être particulièrement tendue !


A.H Jim.fr le 10 octobre 08