Lors de son déplacement à Bletterans dans le Jura, Nicolas Sarkozy n’a oublié aucun des principaux acteurs de notre système de santé. C’est ainsi que certaines de ces déclarations ont concerné le rôle des infirmières.
Il aura ainsi martelé : « Pour répondre aux attentes des Français, la coopération entre les professionnels de santé est indispensable ». Il a notamment estimé que les infirmières avaient un rôle accru à jouer en ce qui concerne le « suivi de routine pour les personnes atteintes de maladies chroniques ». En cette matière, il apparaît essentiel pour le chef de l’Etat de passer à l’acte : « L’expérimentation, c’était nécessaire, mais maintenant on va passer à la généralisation » a-t-il ainsi asséné. Pour ce faire, le Président de la République estime que les maisons de santé représentent un cadre idéal. Ces structures « à l’image de celle que je viens de visiter à Bletterans sont le lieu parfait de la coopération entre professionnels de santé », a souligné Nicolas Sarkozy.
N’importe qui !
Si le Chef de l’Etat a dressé un portrait idyllique de la coopération entre professionnels de santé, sur le terrain législatif et syndical, les choses ne sont pas si simples. Les difficultés surgissent tout d’abord lorsqu’on s’intéresse aux choix des termes. Nicolas Sarkozy a ainsi clairement invité dans son discours à un nouveau partage des tâches entre « l’infirmier » et le « médecin ». Cependant, dans les textes, ces deux acteurs bien connus disparaissent pour laisser la place à un vocable plus large, celui de « professionnels de santé ». Cette imprécision ne laisse pas d’inquiéter certaines organisations d’infirmières. C’est ainsi que le jour même où Nicolas Sarkozy prononçait son discours à Bletterans, la Fédération nationale des infirmière (FNI, majoritaire chez les libérales) adressait à Roselyne Bachelot une lettre peu amère concernant la rédaction de la loi Hôpital patients santé territoire (HPST). Déplorant tout d’abord de façon générale un manque inquiétant de concertation avec les organisations représentatives, la FNI pointe par ailleurs du doigt le fait qu’un des articles du projet de loi (sujet à de nombreuses variations ces dernières semaines) institue un « principe pérenne de coopération entre professionnels de santé », ce qui pour le syndicat revient à créer un « droit pour « n’importe qui » de faire « n’importe quoi », « n’importe comment » sans jamais prendre aucun avis des institutions professionnelles concernées ». L’imprudence du gouvernement ne serait cependant pas si grande. L’exposé des motifs affirme en effet que l’extension du principe de coopération entre professionnel de santé hors du champ expérimental, doit répondre à certaines garanties. Parmi elles, l’argumentaire du ministère insiste : « le professionnel ne pourra intervenir dans les domaines qui dépassent ses connaissances et son expérience ». Il est par ailleurs souligné que « les coopérations seront encadrées par des protocoles nationaux élaborés par la HAS ». Il est vrai cependant que les institutions professionnelles ne sont pas citées dans cet exposé.
Mission expresse
Les inquiétudes suscitées par la rédaction (très délicate) du projet de loi HPST témoigne en tout état de cause que Roselyne Bachelot ne pourra faire sur ce sujet l’économie d’une réelle concertation. On retiendra à ce titre que débutent actuellement les entretiens et les auditions de la Mission coopération entre professionnels de santé, dirigée par Michèle Bressand (conseillère générale des établissements de santé) dont les propositions sont attendues avant le 1er novembre 2008 !
A.H. sur Jim.fr le 24 septembre 2008