« Il faut que soient rendus publics, pour chaque établissement de santé, quelques indicateurs simples, comme le taux de mortalité » a lancé lors de son discours sur la réforme de l’hôpital, le Président de la République, Nicolas Sarkozy.
Le Chef de l’Etat avait-il en tête en lançant cet appel, la phrase de Leonard de Vinci qui affirmait que : « La simplicité est la sophistication suprême » ?
Les professionnels de santé hospitaliers ne peuvent que l’espérer, car ils savent, qu’en matière de publications des taux de mortalité dans les hôpitaux, les choses ne sont nullement aussi « simples » qu’elles en ont l’air.
Un fort taux de mortalité ne veut rien dire
Dès l’annonce présidentielle, le professeur Alain Pavie, chef du service de chirurgie cardiovasculaire de la Pitié Salpêtrière mettait ainsi immédiatement en garde sur la nécessité de remettre chaque chiffre dans son contexte, en tenant notamment compte de la lourdeur des pathologies prises en charge, car soulignait-il au micro d’Europe 1 : « Les services médicaux ou chirurgicaux de pointe, qui ont les mortalités les plus importantes, peuvent être les meilleurs ». L’effet contre productif de ces indicateurs avait déjà été observé à la faveur du palmarès des hôpitaux 2006 publiés par Le Point. Face à des chiffres souvent élevés, les professeurs de chirurgie avaient pratiquement tous avancé la même analyse : la lourdeur des interventions pratiquées et la fragilité des patients pris en charge par leurs services expliquent sans conteste ces taux a priori alarmants. « Tous ceux qui pratiquent des exérèses du poumon et prétendent ne pas avoir eu de décès sont de gros menteurs », avait lancé en guise d’explication lapidaire le professeur Philippe Dartevelle, chef du service de chirurgie thoracique du centre Marie Lannelongue, cité par Le Point en 2006. Même dans les pays anglo-saxons, où cette transparence si chère aux yeux des pouvoirs publics serait pratiquée, cette difficulté a émergé. Aussi, les résultats sont-ils le plus souvent publiés chirurgien par chirurgien, avec une grande insistance sur le contexte. Par ailleurs, des outils ont été mis en place pour « ajuster les résultats en fonction des risques » comme l’explique Sarah Boseley, rédactrice en chef du quotidien britannique The Guardian.
Des professionnels de santé majoritairement réticents
L’ensemble de ces considérations n’a nullement échappé aux professionnels de santé qui ont répondu à notre sondage la semaine passée et qui se sont massivement (75 %) opposés à l’idée d’une publication des taux de mortalité de chaque hôpital. Seules 22 % des personnes ayant souhaité répondre à l’enquête réalisée du mardi 23 septembre au lundi 29 septembre se sont déclarées en faveur de la proposition du Président de la République, tandis que 4 % de professionnels de santé, estimant sans doute nécessaire d’en savoir davantage sur la façon dont serait mis en œuvre un tel dispositif ont choisi de ne pas se prononcer.
A.H. Jim.fr le mercredi 1er octobre 2008
Sondage réalisé du mardi 23 septembre au lundi 29 septembre auprès de 493 professionnels de santé internautes